• Réflexion : certification au C2i2e en formation continue

    Dans un billet récent nous avons parlé des différentes attestations et certifications qui ont trait au domaine des Tic et des Tice :

    http://e-difor.blogg.org/date-2008-09-12-billet-862389.html

    Le C2i2e (1) concerne les enseignants. Pour le moment la formation initiale intègre cette certification dans son curriculum de formation.

    La formation continue est également concernée, mais comment certifier des enseignants en poste dont le nombre dépasse largement celui des entrants dans la profession ?

    Une certification en grand nombre ne pourra pas se réaliser sous forme de stages présentiels. L'ingénierie serait ingérable, le coût financier prohibitif !

    Et si l'on se tournait vers l'autoformation ? Mais ne devrait-on pas dire vers « des autoformations » ?

    Sur le site Educnet les 5 définitions suivantes sont évoquées :

    http://www.educnet.education.fr/dossier/eformation/modularite2.htm.

    - autoformation intégrale, ou autodidaxie : "l'autoformation sociale renvoie à toutes formes d'apprentissage réalisées par les sujets eux-mêmes, à l'extérieur du champ éducatif au sens strict". (Philippe Carré).

    Tous les enseignants ont recours à l'autodidaxie dans leur pratique quotidienne. Ils travaillent ainsi seuls certes mais souvent en réseau avec d'autres personnes de proximité ou éloignées géographiquement. Ils apprennent en dehors de tout lien avec les institutions et agents éducatifs formels.

    - autoformation existentielle : formation de soi par soi (G. Pineau) et appropriation par le vivant de son pouvoir de formation.

    L'autoformation est vécue par la personne comme une démarche d'apprentissage personnelle et permanente.

    C'est une « formation de soi par soi » (G. Pineau). Cet auteur parle « d'une appropriation par le vivant de son pouvoir de formation ».

    - autoformation éducative : ensemble des pratiques pédagogiques visant à développer et faciliter les apprentissages autonomes, dans le cadre d'institutions spécifiquement éducatives.

    On se trouve dans le contexte professionnel. L'institution met à disposition des personnels des dispositifs de formation continue : stages, formations d'établissements. L'animation est assuré par un formateur recruté et formé par l'organisme de formation. Les modalités sont plurielles : en présence, à distance, hybrides. L'organisme assure l'organisation des stages, finance déplacements et frais d'hébergement.

    - autoformation sociale : formes d'apprentissages réalisés par les sujets eux-mêmes à l'extérieur du champ éducatif au sens strict, dans et par la participation à des groupes sociaux et en bénéficiant de formes de médiation diverses.

    Par exemple la personne fait partie d'une association culturelle dans laquelle elle participe à des réunions, des colloques. Elle participe à des formations locales, nationales ou internationales. Elle peut, dans ce contexte, jouer un rôle d'animateur, de formateur.

    - autoformation cognitive : réunion de différentes conceptions des mécanismes psychologiques mis en jeu dans l'apprentissage autonome (autodirection dans l'apprentissage, apprendre à apprendre).

    H. Long parle d'« un processus mental intentionnel dirigé par la personne elle-même, généralement accompagné et appuyé par des comportements d'identification et de recherche d'information ». (page 23, "L'autoformation"(2))

    Cette approche (rapide) de l'autoformation amène à réfléchir sur le type de dispositif à mettre en place pour certifier les enseignants qui sont en cours de carrière. Les personnes qui vont entrer dans la démarche de certification seront certes assistées par leur organisme de formation mais il sera fait appel à leur capacité d'autoformation.

    - Au niveau organisationnel : on peut imaginer la mise à disposition d'une plate-forme dédiée sur laquelle les personnes déposent leurs travaux personnels, utilisent des ressources mises à disposition (sur les aspects du droit par exemple - domaine A3 du référentiel : responsabilité professionnelle dans le cadre du système éducatif), sollicitent une personne référente (pour demander des conseils et envisager la validation d'un item par exemple), échangent avec d'autres collègues sur les séquences pédagogiques testées avec les élèves, ...

    Au final la personne demande, via son organisme de formation, la validation du certificat à l'institution qui est légitimée pour la délivrer. (Université)

    On se situe dans un contexte de validation des acquis : la personne pourra faire état de ses travaux personnels, des formations suivies dans le cadre institutionnel ou extérieur à son institution d'origine, de sa pratique en classe, ...

    - Au niveau pédagogique : il semble important d'aller au-delà d'une simple demande de certification mais de faire de cette démarche un moment professionnel privilégié de réflexion sur la pratique pédagogique au quotidien.

    Le degré d'ouverture du dispositif se doit d'être important pour permettre l'autodirection des personnes qui vont en bénéficier. Nous avons abordé la notion de degré d'ouverture d'un dispositif dans le précédent billet : http://e-difor.blogg.org/date-2008-09-16-billet-864252.html.

    "La variable essentielle de l'autodirection dans l'apprentissage n'est pas la variable sociologique, ni le facteur pédagogique. La principale distinction a trait à la variable psychologique, c'est-à-dire le degré auquel l'apprenant, ou le soi, conserve un contrôle actif du processus d'apprentissage" (Long cité par Carré, 192, p. 126) (3)

    Un autre ouvrage à lire (et à relire) apporte un éclairage de fond sur l'autoformation dans un contexte institutionel (4). Le paragraphe suivant fait partie de la conclusion de l'auteur à la page 259 :

    "... L'autoformation en contexte institutionnel comme champ émergent de recherches et de pratiques est porteuse de valeurs hybrides qui négocient entre le respect du projet individuel de vie et de formation permanente et le projet d'un système social qui actualise régulièrement sa politique de formation et d'éducation, en fonction des moyens disponibles et des idéaux qu'il défend. De ce fait, l'autoformation en contexte institutionnel se trouve, de manière conjonctive et non plus disjonctive, à la confluence de tensions tripolaires, entre la perspective existentielle de chacune des personnes d'une communauté, la perspective sociale du système institutionnel, et la perspective ingénierique des dispositifs mis en oeuvre. C'est de cette tension tripolaire que peut sans doute le mieux émerger la spécificité théorique et pratique de ce champ."

    La problématique n'est pas simple, le dispositif complexe à mettre en place. Mais l'enjeu est passionnant car il s'inscrit dans un cadre sociétal de formation tout au long de la vie. (5)

    (1) Certificat Informatique et Internet niveau 2 enseignant - Le référentiel : http://www2.c2i.education.fr/sections/c2i2e/referentiel/

    (2) Lire l'ouvrage de Philippe Carré, André Moisan, Daniel Poisson - "L'autoformation" - PUF 1997

    (3) Annie Jézégou - "Formations ouvertes - Libertés de choix et autodirection de l'apprenant" - L'Harmattan, 2005 - Page 60

    (4) Brigitte Albéro - "L'autoformation en contexte institutionnel - Du paradigme de l'intitution au paradigme de l'autonomie" - L'Harmattan, 2000

    (5) Sur le site Educnet : http://www.educnet.education.fr/dossier/eformation/vie.htm

    e-difor
    La formation en ligne
    http://foad.ac-besancon.fr
    Jacques Cartier
    Formateur Difor, professeur de Technologie
    Doctorant en Sciences de l'Education (Université de Rouen)
    Master en Ingénierie Pédagogique dans des Dispositifs Ouverts et à Distance
    http://www.jacques-cartier.fr/


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