• Lors d'une formation de formateurs récente dans le cadre du dispositif national "Enseigner pour le futur" un moment du débat a porté sur le rôle du formateur dans un dispositif en ligne. Le consensus n'était pas facile à trouver quant à la dénomination de la personne qui anime la formation. En lisant Patrick Lenormand on perçoit mieux les choses ...



    "Apprendre, c'est avant tout bouger : c'était, c'est encore se rapprocher d'une source de savoir, humaine ou pas ; c'est également accepter de passer à un état de connaissance supérieur, accepter de changer.
    Avec l'apprentissage en ligne, c'est le savoir qui se déplace : il s'adapte à vous, à vos contraintes, à votre environnement. Un mouvement qui à son tour en déclenche d'autres, en cascade. Celui qui apprend devient ainsi celui qui choisit la formation, la gère, lui donne un sens en la réutilisant ou pas. Plus autonome, plus impliquée, plus critique aussi, la personne qui choisit d'apprendre en ligne s'approprie en partie les responsabilités du professeur/ formateur.
    Les formateurs voient eux aussi leur fonction évoluer : c'est comme si la "pyramide du savoir", du haut de laquelle ils professaient, s'était affaissée et replaçait le détenteur du savoir au même niveau que les apprenants, dans un rôle essentiel mais qui n'est plus central. C'est l'apprenant qui, maintenant, est le centre du processus de formation ; il apprend en partie seul ou avec d'autres apprenants grâce à l'effet réseau développé par le média Internet. Le professeur/formateur fait partie de ce réseau et garde un rôle moteur qui évolue vers la médiation, l'échange, le conseil.
    Tous ces mouvements -et la recherche en parallèle de nouveaux équilibres-, le monde du savoir est en train de les vivre, de les comprendre, de les intégrer enfin. Ce monde est en train d'apprendre, lui aussi, une drôle de leçon : Internet facilite, accélère la transmission des connaissances, et le savoir devient peu à peu l'affaire de tous."

    Guide de la Formation en Ligne, Patrick Lenormand, Micro Application



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  • L'expression travail collaboratif est sur toutes les langues, dans tous les ouvrages et articles traitant de formation ouverte et à distance. Mais il ne s'agit pas d'une méthode pédagogique infaillible censée résoudre le problème de l'apprentissage. Elle n'est pas la seule façon d'apprendre (France Henri, Karin Lundgren Cayrol, 2003) et ne convient pas à toutes les situations de formation. Au formateur de choisir cette modalité si, dans le contexte de la formation en cours, elle est pertinente pour faciliter les apprentissages.

    Et puis cet "exercice de style" est difficile et nécessite une posture réflexive de l'enseignant, comme l'indique Philippe Perrenoud :

    "Aucun fonctionnement collectif n'est simple, tout groupe, même uni, est menacé par des clivages, des conflits, des abus de pouvoir, des déséquilibres entre les rétributions et les contributions des uns et des autres. Ces dysfonctionnements sont accompagnés de sentiments d'injustice, d'exclusion, de révolte, d'humiliation, de "ras-le-bol". Les équipes expérimentées ne sont pas à l'abri de ces tribulations, elles savent simplement les anticiper et les contenir, évitant qu'elles ne dégénèrent en crises. Pour assurer cette régulation, il faut évidemment se parler dans un registre qui n'aggrave pas les tensions, les non-dits ou les blessures, mais permet au contraire de s'expliquer.
    Seuls peuvent s'engager dans cette forme de métacommunication les enseignants qui s'adonnent eux-mêmes à une forme de pratique réflexive et de métacognition. Il leur reste alors à partager des impressions et des analyses avec leurs collègues, ce qui n'est pas facile, mais amorce la régulation. Le silence, l'escalade, le refus de faire partie du problème, la recherche du bouc émissaire, le psychodrame ou la crise de nerfs expriment des émotions, mais trahissent aussi un défaut de prise de distance et d'analyse de ce qui se joue. La réflexivité de chacun est un ingrédient de l'analyse collective du fonctionnement et un atout majeur dans la régulation des rapports professionnels et du travail en équipe (Gather Thurler, 1994, 1996)."

    "Développer la pratique réflexive dans le métier d'enseignant" - page 58
    Philippe Perrenoud - 2003 - ESF éditeur - Collection dirigée par Philippe Meirieu
    Phillipe Perrenoud, sociologue, est professeur à l'Université de Genève - >>>>
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  • "... Mais c'est peut-être que la pratique pédagogique est tension... c'est surtout que la pratique est histoire et que l'histoire c'est la fugacité, le passage, le parcours, la transition, le conflit. La difficulté majeure des théories de l'apprentissage, celle qui les conduit à l'aporie, c'est d'assumer l'historicité de l'apprendre et le fait qu'une histoire n'est pas, n'est jamais, un développement linéaire mais bien une dialectique. Les philosophes se sont toujours heurtés à cette question : "Comment peut-on passer du non-savoir au savoir ? Comment peut-il advenir du changement ?" et ils ont toujours été tentés de dénier l'histoire à l'apprentissage, de basculer dans le déjà-dedans ou d'affirmer la totale malléabilité du sujet aux interventions extérieures.
    Alors que l'apprentissage est une histoire qui met en présence un déjà-là et une intervention extérieure ; une histoire où s'affrontent des sujets et où travaillent et s'articulent, jamais très facilement, intériorité et extériorité, élève et maître, structures cognitives existantes et apports nouveaux. (page 40)

    Ce court extrait vous donne certainement envie de lire l'ouvrage de Philippe Meirieu "Apprendre ... oui, mais comment" (ESF éditeur), que votre pratique intègre ou non la formation à distance !

    Aporie : contradiction insoluble dans un raisonnement.

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  • Dans son ouvrage "Développer la pratique réflexive dans le métier d'enseignant" (1) Philippe Perrenoud aborde la question des formateurs. Pour que ceux-ci deviennent des formateurs réflexifs il faut une intention et des dispositifs, les uns centrés sur l'entraînement à la réflexion et à l'analyse, les autres centrés sur différents champs de connaissances et de compétences.

    Philippe Perrenoud retient dix défis, formulés comme des contradictions difficiles à surmonter : (page 158)

    1. Travailler sur le sens et les finalités de l'école sans faire oeuvre de mission.
    2. Travailler sur l'identité sans incarner un modèle d'excellence.
    3. Travailler sur les dimensions non réfléchies de l'action et sur les routines, sans les disqualifier.
    4. Travailler sur la personne et sa relation à autrui sans devenir thérapeute.
    5. Travailler sur les non-dits et les contradictions du métier et de l'école sans désenchanter le monde.
    6. Partir de pratiques et de l'expérience sans s'y enfermer, pour comparer, expliquer, théoriser.
    7. Aider à construire des compétences, exercer la mobilisation des savoirs.
    8. Combattre les résistances au changement et à la formation sans les mépriser.
    9. Travailler sur les dynamiques collectives et les institutions, sans oublier les personnes.
    10. Articuler approches transversales et didactiques, garder un regard systémique.

    (1) "Développer la pratique réflexive dans le métier d'enseignant" - Philippe Perrenoud - 2003 - ESF éditeur
    Collection dirigée par Philippe Meirieu
    Phillipe Perrenoud, sociologue, est professeur à l'Université de Genève - >>>> Philippe Perrenoud sur le Net

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    Nous vous conseillons la lecture de l'ouvrage « L'avenir des idées - le sort des biens communs à l'heure des réseaux numériques » de Lawrence Lessig où l'on parle de communautés d'apprentissages et de pratiques, de logiciels libres, ...

    "Une route demeure bien commun parce que les risques d'exclusion seraient trop grands si elle était privée. Si cette route devait devenir une voie commerciale importante, si de chaque côté s'implantaient d'autres entreprises et d'autres services, cette route libre et commune serait une importante source de richesse. La privatiser reviendrait à prendre le risque de voir son propriétaire la réserver à un seul usage. Le public tire un important bénéfice de cette route, et la valeur de la route est liée au fait qu'elle est ouverte à tous. Le danger est que cette valeur ajoutée puisse donner à un acteur privé l'idée d'en tirer parti. Cette route est donc un bien "d'intérêt public", au sens où sa valeur résulte du fait que le public en a besoin."
    "Quand une ressource tire sa valeur du fait qu'elle est ouverte, quand cette valeur s'accroît d'autant plus qu'elle est plus utilisée - "plus on est de fous, plus on rit", comme on dit -, alors il est normal d'attribuer une bonne part de la valeur de cette ressource au fait qu'elle est ouverte."

    Texte tiré de "L'avenir des idées - le sort des biens communs à l'heure des réseaux numériques" - Lawrence Lessig, Professeur de droit à l'université de Stanford - page 110 - Presses Universitaires de Lyon (PUL)

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