• Après avoir lu le tome 2 de "Petites chroniques du dimanche soir" de Michel Serres, je n'ai pas résisté à la tentation d'acheter le tome 1 !
    Dans la chronique du 19 septembre 2004 intitulée "Ivan le Terrible : l'homme et la nature" (page 16), Michel Serres évoque le problème de la dichotomie de la formation des individus, entre les littéraires et les scientifiques :
    "Et, dans tous les pays occidentaux, l'Université fabrique deux populations différenciées, très séparées. D'un côté, ceux qu'on appelle les "littéraires", qui connaissent bien la culture, l'histoire, la sociologie, bref, les sciences humaines, et de l'autre côté, les "scientifiques", avec les sciences dures, la physique, les mathématiques, la chimie, etc. Ces derniers ont une idée précise de la nature, de la planète, de l'état de l'atmosphère et de la mer. Les premiers ont des idées précises sur le vote et la démocratie. Autrement dit, ceux qui connaissent la nature ne connaissent pas les hommes, ceux qui connaissent les hommes ne connaissent pas la nature."
    Michel Serres, "Petites chroniques du dimanche soir", Le Pommier - 2006 - page 18
    La foad utilise des technologies. En cela elle est fédératrice des deux "populations" citées puisqu'elle permet à la fois aux littéraires et aux scientifiques de se former. Les scientifiques ont inventé les ordinateurs, les littéraires sont spécialistes du message, tout le monde s'y retrouve !
    Un dispositif de formation visant la professionnalisation des acteurs ne reste pas sur ce type de séparation entre littéraires et scientifiques, il s'adresse à l'ensemble des personnes quelque soit leur profil et vise ainsi des objectifs larges et fédérateurs :
    "Si par ailleurs comme l'indique G. Vergnaud, une pratique professionnelle est faite d'un ensemble organisé de missions, de fonctions, de techniques humaines et organisationnelles, de technologies, que l'individu met en oeuvre non seulement seul mais aussi en relation avec d'autres - de telle manière que l'exercice du travail est aussi de savoir communiquer, un réseau de relations, du partage de valeurs, de conception, de besoins, d'objectifs et d'intentions -, alors le process de formation ne peut plus être pensé au seul plan des enjeux de savoir du geste technique. Ceci contraint le formateur à se préoccuper des situations et des collectifs de production et d'en notifier les indicateurs et les observables." (1)
    (1) "Alors, professionnaliser par la formation ?, Maryvonne Sorel - Page 163
    In "La professionnalisation en actes et en questions", coordonné par Maryvonne Sorel et Richard Wittorski, L'Harmattan, 2005.
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    Professeur de Technologie
    Doctorant en Sciences de l'Education (Université de Rouen)
    Master en Ingénierie Pédagogique dans des Dispositifs Ouverts et à Distance
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  • Plusieurs personnes ont participé à cet ouvrage (1) dont Mokhtar Kaddouri qui est maître de conférences au CNAM (Formation des adultes, CRF, Paris).

    Je cite la conclusion de sa contribution à l'ouvrage intitulée "Professionnalisation et dynamiques identitaires" (page 145) :

    "Nous venons de le voir, les attitudes à l'égard de l'offre institutionnelle de professionnalisation sont déterminées par la place qu'accordent les individus à la professionnalisation dans le cadre de leurs stratégies identitaires et au rapport entre projet institutionnel et projet personnel de professionnalisation.

    La complémentarité de ces deux projets conduit à un investissement dans les démarches institutionnelles de professionnalisation alors que leur inadéquation risque de produire de la résistance, du refus ou de la résignation.

    Les démarches de professionnalisation, quelques soient leur nature et les formes qu'elles prennent (formation instituée, université d'été, séminaires, échange de pratiques, etc.), tant qu'elles n'auront pas pris en compte les dynamiques et les stratégies identitaires dans lesquelles sont inscrites les personnes auxquelles elles s'adressent, risquent de produire de la résistance, du refus franc et farouche ou de la résignation. Cela ne veut pas dire qu'il faille concevoir les dispositifs en fonction des seules dynamiques individuelles en question. Mais cela signifie que rien ne pourra remplacer une négociation qui fait émerger le sens, ce dernier étant le garant incontournable de l'engagement dans les démarches de professionnalisation." - Page 156 -

    Lors d'une formation récente de formateurs à la foad, nous avions du mal, avec mes collègues tuteurs, à "mener" nos groupes d'apprenants. (formateurs présentiels à qui l'on demandait d'intégrer du distant dans leur pratique)

    L'ouvrage cité, coordonné par Maryvonne Sorel et Richard Wittorski, apporte des explications aux difficultés rencontrées. Le passage du présentiel au distanciel touche de près à la professionnalisation des personnes. On ne peut pas faire l'économie de la négociation évoquée par Mokhtar Kaddouri.

    L'organisme de formation, qui "pousse à la roue", doit lui aussi professionnaliser son action. Il ne peut se contenter de professionnaliser uniquement les acteurs que sont les formateurs. Ceux-ci ne sont qu'un maillon de la chaîne du changement à opérer.

    (1) "La professionnalisation en actes et en questions", coordonné par Maryvonne Sorel et Richard Wittorski, L'Harmattan, 2005.

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  •  En lisant cet ouvrage délicieux de Michel Serres je suis tombé sur un morceau choisi intitulé "La rentrée des classes" :
    "La rentrée de septembre est assez récente. Celle d'octobre respectait un rythme agricole, un rythme rural. Elle se faisait après les dernières récoltes, la moisson de l'été, la cueillette des fruits, les vendanges d'automne... Les familles agricoles n'avaient alors plus besoin de leurs enfants pour ces petits travaux. Dès les premiers labours, travail lourd, travail d'adulte, et pendant l'hiver, où il y avait vraiment de la vacance de travail, elles les envoyaient volontiers à l'école. On conserve longtemps dans les sociétés les mêmes rythmes en oubliant quelle est leur origine..."
    Michel Serres, "Petites chroniques du dimanche soir 2", Le Pommier - 2007 - page 101
    N'y-a-t-il pas un parallèle à faire entre ce temps qu'une société met à changer un rythme car elle en a oublié l'origine et le temps mis par cette même société à modifier sa ou ses façons de transmettre la connaissance ? Combien de temps faut-il, par exemple, pour bousculer le paradigme de l'enseignement et tendre vers "l'apprendre sans être enseigné" ? Combien de temps faut-il pour apprendre de façon hybride (présence / distance) ou, dans certains cas, tout à distance ?
     
    Les personnes engagées dans la foad s'interrogent souvent sur le fait que son intégration dans la formation initiale ou continue peine à se développer de façon significative. Quels sont alors les changements à opérer pour accélérer cette migration ? Certainement un changement de professionnalisation des acteurs, des activités et des organisations (1), du temps, et peut-être de nombreux labours de début d'hiver !

    (1) "La professionnalisation en actes et en questions", coordonné par Maryvonne Sorel et Richard Wittorski, L'Harmattan, 2005.

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  • A cette adresse vous trouverez des vidéos intéressantes sur le thème du tutorat :

    >>> http://www.licef.teluq.uqam.ca/FQRSC/index.htm

    En fonction des responsabilités de chacune et de chacun le tutorat est "joué" de façon spécifique. Le rôle de tuteur à la Téluq (1), un métier !

    Ecoutez notamment le témoignage d'un étudiant qui est riche de sens sur les attentes des apprenants :

    >>> http://www.licef.teluq.uqam.ca/FQRSC/Videos/2006_INSPQ_EtudiantInter_ArnaudDuhoux.wmv

    Si le thème du tutorat vous intéresse le blogue de Jacques Rodet est une ressource de choix :

     >>> http://blogdetad.blogspot.com/

    (1) Télé-Université du Québec


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  • Quelques réflexions après la lecture de l'ouvrage "Formation, travail et professionnalisation" coordonné par Richard Wittorski (L'Harmattan septembre 2005).

    Le formateur présentiel qui suit une formation pour intégrer du distant dans sa pratique se trouve aux confins de plusieurs savoirs qu'il va devoir réinterroger, confronter aux savoirs des autres apprenants de son groupe de formation pour construire de nouveaux savoirs adaptés à la nouvelle mission qui lui incombe.

    Van Der Maren (1) distingue cinq savoirs : les « savoirs scientifiques », les « savoirs appliqués », les « savoirs stratégiques » (savoirs pour l'action), les « savoirs praxiques » (savoirs d'action) et les « savoirs pratiques » (savoirs en action).


    Figure page 185

    Le formateur arrive en formation avec ses savoirs pratiques personnels. Il va les confronter aux savoirs pratiques des autres participants lors des échanges et des travaux communs. Il est en effet capable de parler de ses savoirs pratiques, de les expliquer dans le contexte de l'action qu'il mène comme formateur. Ses collègues vont énoncer les leurs et de cet échange de pratiques vont émerger des savoirs praxiques (savoirs d'action) que le groupe va initier et formaliser.

    On arrive ainsi à une professionnalisation du rôle du formateur en utilisant le groupe comme déclencheur du changement de posture.

    (1) Van Der Maren, J.-M (1996). Méthodes de recherche pour l'éducation. Bruxelles : De Boeck

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